La voie du thé au Japon: bref historique    Voie du thé: introduction  Voie du thé: Chanoyu - Chashitsu


"Zen et thé: même goût" - Taisen Deshimaru


Le thé fut importé de Chine au Japon en même temps que le Boudhisme, c'est à dire à partir du 8e siècle: les moines pratiquants avaient en effet l'habitude de boire du thé afin de se tenir éveillés pendant leurs longues heures de méditation. C'est au 12e siècle avec Eisai (1141-1215), fondateur du boudhisme Zen, que fut adopté le thé vert en poudre ("macha") et reconnues ses vertues sur la santé. Dans les monastères Zen, on prit aussi l'habitude de servir du thé aux visiteurs importants, et, du fait de leurs contacts priviligiés avec ces monastères, la coûtume fut rapidement adoptée par la noblesse. C'est à cette époque que le japon commença a cultiver son propre thé, notament à Uji dans la région de Kyoto. Les réunions de thé, prétextes à diverses festivités, devinrent très populaires chez les Samurais.

A partir de la fin du 15e siècle et tout au long du 16e siècle, la préparation et la dégustation du thé prirent progressivement la forme d'un véritable rituel. La Cérémonie du Thé, telle qu'elle est encore aujourd'hui pratiquée, s'est développée grâce à trois hommes, ayant été successivement moines au temple Zen de Daitako-ji à Kyoto.

C'est tout d'abord le moine MURATA Shuko (1422-1503) qui émit l'idée que, selon la philosophie Zen, un acte quotidien comme la préparation et la dégustation du thé pouvait être pratiqué comme un véritable exercice de méditation. De MURATA Shuko date donc en quelque sorte la dimension spirituelle de la préparation du thé. Parallèlement, l'importance donnée jusque là aux ustensiles (notament ceux d'origine chinoise ayant un grande valeur) diminua, et l'idée que des objects en apparence ordinaires puissent aussi être beaux commença à se développer. De MURATA Shuko date également l'idée du pavillon de thé, de style Sho-in, dont la petite taille doit favoriser la communication entre les participants unis autour d'un thé et comptemplant une oeuvre d'Art.

C'est ensuite avec TAKENO Joo (1504-1555) que la cérémonie du thé se propagea parmi la classe des marchands. Lui même descendant d'une riche famille de marchands de la région de Sakai, TAKENO Joo détestait l'ostentatoire et contribua aussi à simplifier la pièce dans laquelle se déroulait la cérémonie du thé. Les ustensiles d'origine chinoise commencèrent à être remplacés par des poteries japonaises d'un style beaucoup plus simple et ordinaire. TAKENO Joo conçu également un petit meuble servant à ranger les ustensiles, appelé Joo-dana, et qui est resté jusqu'à aujourd'hui un objet important.

Mais c'est surtout avec son disciple, le moine SEN Rikyu (1522-1591), que la préparation et la dégustation du thé se développa en un véritable rituel, codifé dans ses moindres détails et suivant des règles bien définies. SEN Rikyu s'attacha également à une esthétique du simple et du sobre, dite "wabi", idéal qu'il réalisa vers la fin de sa vie dans un petit pavillon de thé au toit de chaume. Poursuivant l'idée de TAKENO Joo, Rikyu choisit un potier d'origine Koréenne nommé Chojiro pour la fabrication des bols à thé, aujourd'hui perpétré sous le nom de Raku. C'est aussi Rikyu qui développa une véritable philosophie de vie centrée autour du thé: la voie du thé, dont la cérémonie est en quelques sortes le point de départ. Rikyu eut enfin un rôle politique, ayant successivement servi et influencé les shoguns Nobunaga puis Hideyoshi, l'homme qui pour la première fois unifia le Japon. Et c'est de Hideyoshi que, tombé en disgrace, Rikyu reçut l'ordre de se suicider.

Après la mort de Rikyu, son fils Schoan et surtout son petit fils Sotan s'attachèrent à réétablir la famille et ses possessions, et à maintenir la tradition du thé wabi. C'est avec trois des fils de Sotan que se sont développées les trois grandes écoles de la Cérémonie du thé: Urasenke, Omotesenke et Mushanokojisenke. Ces trois écoles suivent encore aujourd'hui la voie du thé telle qu'elle a été définie par SEN Rikyu. Urasenke est aujourd'hui la plus importante, ayant une dimension internationale et des représentations dans de nombreux pays, dont la France.



Plantation de thé
Plantation de thé dans la région du Kanto



Le Maitre de Thé
de Yasushi Inoué

livre maitre du thé C'est un journal imaginaire tenu par le moine Honkakubo, qui a été pendant de nombreuses années le disciple de Sen Rikyu, et ce jusqu'à la mort de celui-ci, alors qu'il était rattaché au Taiko Hideyoshi en tant que maitre du thé. Au cours des 30 années qui suivent la mort de son maitre, le moine Honkakubo s'intérroge sur les véritables raisons de cette disparition prématurée: tombé en disgrace, Sen Rikyu avait en effet reçu du Taiko l'ordre de se suicider. Pourtant, Honkakubo pense que son maitre aurait pu échapper à la mort. Au fil de rencontres avec d'autres maitres du thé et de personnages ayant cotoyé Sen Rikyu, il comprend petit à petit le pourquoi de la mort de son maitre. Si ce journal est imaginaire, tous les personnages de ce roman ont bien existé. Il s'agit donc d'un véritable voyage dans le monde du thé et son histoire, par l'un des plus grands écrivains japonais.
Histoire du Japon et des Japonais
de Edwin O. Reischauer
2 Tomes: I Des origines à 1945 - II de 1945 à nos jours - 1973

"La cérémonie du thé est un rite plein d'une belle simplicité hiératique. Quelques pièces de fines poteries anciennes, quelques gestes dont la lenteur rehausse la grâce, une préparation et une dégustation dictées par un rituel intériorisé, une parfaite sérénité d'esprit, suffisent à exprimer l'amour de la beauté, le culte du dépouillement et la quête d'apaisement spirituel qui forment l'essence même du Zen."

livre Histoire Japon et japonais Encore un grand classique! L'histoire du Japon écrite par un américain, né et éduqué au Japon, marié à une japonaise et ancien ambassadeur du Japon pour les Etats-Unis. Publié en 1946 pour la première édition, ce livre à été plusieurs fois réactualisé, reédité et réimprimé. Des origines aux années 70, c'est non seulement l'histoire geo-politique qui est racontée, mais également celle de la société et de la culture. En plus de fournir tous les repères nécessaires à la compréhension du Japon comptemporain, ce livre est passionnant, notament pour qui a déjà eu l'occasion de voyager au japon, et se lit comme un roman, surtout le 1er tome!




ligne